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L’ARGUMENT DE ROUEN #4

L’ARGUMENT DE ROUEN #4

Rendez-vous mercredi 5 février 2020
Gratuit sur réservation à l'adresse virginie.thenoz@metropole-rouen-normandie.fr

Organisé par la Réunion des Musées Métropolitains RouenNormandie (RMM) et l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA), avec comme partenaire en 2020 le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), L’Argument de Rouen est une rencontre pluridisciplinaire ouvert à tous et toutes. Il invite le public à interpeler les musées sur leur capacité à intégrer les enjeux sociétaux de notre temps. À travers des tables rondes, des discussions avec des personnalités issues de divers domaines, des rencontres avec des artistes, L’Argument de Rouen permet d’interroger le lien entre musée, société, et histoire de l’art, et d’ouvrir cette discipline à des questionnements venus d’autres horizons. Après avoir évoqué la question de la diversité (2016), des biens communs (2017) et de la place des femmes (2018) cette édition aborde un nouveau thème : les cultures alternatives, avec comme invité d’honneur Antoine de Galbert (collectionneur, fondateur de la Maison Rouge).
La présentation d’un objet dans un musée a souvent pour conséquence de l’isoler du contexte et des usages qui lui ont donné naissance. Dans les cas des musées d’art, ils accueillent depuis le XIXe siècle majoritairement des œuvres pensées pour y trouver leur destination finale. Ce processus de sélection, voire de sacralisation, est rendu légitime par l’institution et les experts qui les animent, selon des critères « scientifiques » propre à chaque discipline.
Cela n’a pas empêché cependant que se développent dans les marges des pratiques autres qui remettent en question ces présupposés, que ce soit de manière involontaire dans le cas de l’art brut, des arts populaires et commerciaux, ou de manière volontaire pour tous les mouvements anti-art qui se sont développés depuis le début du XXe siècle, se cristallisant à partir des années 1960 en « contre-cultures ».
Selon le sociologue John Milton Yinger, qui a forgé ce terme en 1960, la contreculture, souvent parallèle ou souterraine, entre en rébellion avec la culture officielle dont elle inverse les normes et les valeurs. En 1969, l’artiste et historien Théodore Roszak pensait la contre-culture comme déconnectée de la société technocratique à laquelle elle s’oppose : « elle ne ressemble plus du tout à une culture mais prend l’apparence inquiétante d’une intrusion barbare ». Les acteurs des contre-cultures remettent en question les conventions artistiques en élargissant le champ de l’art, délaissant les galeries et les musées pour explorer de nouvelles formes d’expression sur des supports ou dans des lieux alternatifs.
On assiste depuis les années 1980 à une intégration de ces cultures alternatives par les institutions, intégration souvent difficile et contestée car elle peut être interprétée comme un recyclage par le consumérisme et l’économie libérale. Les pratiques alternatives – underground ou politisées en particulier – n’ont pas réussi le pari de rester à l’extérieur du champ institutionnel de l’art. Elles font partie désormais partie intégrante du champ officiel de l’art, dont les limites, si elles ont été bouleversées, n’ont pas éclaté. Les institutions ont intégré ces phénomènes comme des contrepoints ne remettant pas fondamentalement en cause leurs généalogies et leurs grands récits.
À l’heure où certains musées répondent à l’injonction d’une plus grande démocratisation en élargissant leur domaine d’intérêt, les cultures alternatives (séries, bande dessinée, mode, pratiques urbaines…) semblent gagner une nouvelle visibilité dans le champ culturel. Mais comment les œuvres qui en sont issues peuvent-elles conserver leur charge subversive, alors qu’elles sont présentées dans des institutions qui incarnent encore bien souvent une culture officielle ? L’acteur de la contre-culture exposé au musée peut-il encore concevoir sa pratique comme une critique radicale de la société ? Ce sont quelques-unes des questions que cet Argument de Rouen se propose d’examiner.

PROGRAMME (hôtel des Sociétés Savantes, Rouen)

Le musée et ses Contestations
•10h-10h15 ouverture Sylvain Amic (Réunion des Musées Métropolitains, Rouen) Éric de Chassey (INHA)
•10h15-11h conférence inaugurale Antoine de Galbert (collectionneur, mécène et fondateur de la Maison rouge)
•11h-12h table ronde 1 : la contre-culture et l’art contestataire de 1968 à nos jours Médiateur: Christophe Bourseiller (journaliste) Philippe Artières (CNRS, EHESS) Solveig Serre (Centre de musique baroque de Versailles, Centre Jean-Mabillon) Kiki Picasso (artiste) •12h-12h30 performance de Fantazio (musicien)

•12h30-14h déjeuner libre

•14h-15h table ronde 2 : pratiques alternatives d’aujourd’hui.  Hiérarchies, catégorisations et art contemporain. Médiateur : Jean-Christophe Castelai (Journal des arts) Anne Dressen (MAM) Jean-Marie Gallais (Centre Pompidou Metz) Hugo Vitrani (Palais de Tokyo)
•15h-15h30 intervention de Lek et Sowat (artistes)
•15h30-16h30 table ronde 3 : Art brut et patrimonialisation Médiatrice : Claire Margat (critique d’art) Déborah Couette (La Fabuloserie, La Fondation Dubuffet) avec Savine Faupin (LAM, Villeneuve d’Ascq) Brigitte Gilardet (Centre d’histoire de Sciences Po) Baptiste Brun (Université Rennes II) Carl Havelange (TRINK HALL, Liège)
•16h30-16h45 pause
•16h45-17h45 table ronde 4 : Art populaire, Art commercial, musée Médiateur : Jean-François Chougnet (Mucem) Hervé Di Rosa (artiste)  Barbara Plankensteiner (MARKK, Hambourg) Yves Grenu (Les balayeuses archivistiques LGBT)
•18h conclusion Chris Dercon (RMN – Grand Palais)

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