Curieuse collection est une exposition de la Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie. Elle raconte le parcours de Thaurin et la constitution de son musée consacré à Rouen. Elle explore aussi les découvertes exhumées des tranchées du 19e siècle, qui nous fournissent de précieux renseignements sur l’organisation de la ville antique. Enfin, elle nous plonge au cœur de l’étude des monnaies inédites de la collection Thaurin, qui, grâce aux étiquettes qui les accompagnent, constituent des documents essentiels pour la connaissance de Rotomagus, le Rouen gallo-romain.
Natif de Rouen, Jacques Michel Thaurin s’adonne en amateur à l’archéologie alors que Rouen, pendant plusieurs décennies, n’est plus qu’un immense chantier à ciel ouvert. Au bord des tranchées, il observe les vestiges de l’antique Rotomagus et en collecte les archives issues du sol. Il façonne ainsi, grâce aux objets réunis et aux descriptions de structures, une image de la ville antique, illustrant les premiers balbutiements de l’archéologie en France.
« Il représente le Rouen archéologue… Le mérite de M. Thaurin est connu depuis longtemps, ses connaissances variées se sont principalement portées sur la ville de Rouen et son passé »
Bulletin de la Commission Départementale des Antiquités, 1867-1869
Le 19e siècle constitue pour Rouen une période de transformations urbaines, à laquelle on doit son visage actuel. Ces grands travaux, qui marquent profondément la ville, avec le percement de la rue Impériale (rue de la République) ; de la rue de l’Impératrice (rue Jeanne-d’Arc), et de la rue de l’Hôtel-de-ville (rue Jean-Lecanuet), mettent au jour les premiers vestiges de son passé gallo-romain.
Thaurin (1814-1870), bibliothécaire des sociétés savantes, est un amateur autodidacte passionné d’archéologie. Au bord des tranchées, il assure une surveillance de tous les travaux réalisés dans le centre-ville. Il est en relation constante avec les ouvriers, les entrepreneurs et les propriétaires de maisons afin d’être alerté en cas de découvertes fortuites.
À son époque, la discipline archéologique connaît une évolution notable, en se constituant peu à peu comme une science à part entière. Néanmoins, elle n’est pas encore vraiment encadrée par une règlementation. Dans ce contexte, Thaurin collecte des objets issus du sol de Rouen, les décrit, les documente et interprète ses découvertes. Sa collection personnelle, qui rassemblerait en 1860 environ 13 000 objets devient même un musée, ouvert aux savants. Le Conseil général en fera l’acquisition en 1873 pour le compte du musée des Antiquités de Rouen.