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Le Plomb et l'homme

16 Juin 2023 - 5 Mars 2024
Le Plomb et l'homme

Quand les nouvelles techniques de reconstruction numérique en 3D servent la connaissance des chercheurs et du public

En début d'année, Margot Masse - archéologue - est venue au musée Beauvoisine pour réaliser la photogrammétrie de deux cercueils et d’une urne en plomb de l’époque romaine.

photo3.jpgCes objets revenaient tout juste du laboratoire Arc Antique de Nantes Arc'Antique : où ils ont été restaurés, avec le concours de l’Etat et de la Région Normandie (FRAR).

La photogrammétrie est une technique permettant de donner les dimensions et les volumes d’un objet à partir de prises de vues photographiques multiples. En archéologie, cette méthode permet d’enregistrer un objet en trois dimensions et à échelle dans un objectif de préservation et d’étude. Après la capture photographique de l’objet choisi sur fond neutre et à 360°, l’ensemble des images est traité sur des logiciels de traitement puis importé dans le logiciel Agisoft Metashape. Ce dernier assemble les photographies ce qui aboutit à leur modélisation 3D.

Les modèles 3D seront utilisés par les contributeurs du Projet collectif de recherche « Au fil du plomb de la Seine » coordonné par Malina Robert, notamment pour l’étude du commerce, des décors et techniques de fabrication des contenants funéraires en plomb. Ils seront également intégrés dans un dispositif de médiation interactif en lien avec l’exposition-dossier sur le plomb dans l’Antiquité, qui ouvrira au musée Beauvoisine (Galerie Pottier), à partir du 16 juin 2023.

 

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Le Plomb et l'homme

Tout au long du XIXe siècle, de nombreux contenants funéraires en plomb d’époque romaine sont mis au jour le long de la Seine, à l’occasion de découvertes fortuites. Leur nombre interroge les érudits locaux, tels l’abbé Cochet (1812-1875) ou Eustache-Hyacinthe Langlois (1777-1837), qui observent une concentration importante d'urnes autour de Lillebonne et de cercueils aux environs de Rouen. Ils relient la présence de ce métal en grande quantité à la richesse plombifère d’une province proche de notre région, la Britannia (Angleterre actuelle). Cette richesse est attestée par l’auteur latin Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, au Ier siècle après notre ère. La curiosité soulevée par ces objets porte le musée des Antiquités de Rouen à collecter, dès sa création, des témoignages de cette production romaine probablement régionale, et de constituer ainsi l’une des plus riches collections en France sur cette thématique.

 

Grâce aux progrès de l'archéométrie, il est possible désormais d’analyser chimiquement le plomb et de préciser à la fois sa nature et son origine. Ainsi, un lingot découvert dans le théâtre de Lillebonne, en 1840, et analysé par un groupe de chercheurs allemands a permis de confirmer le commerce du plomb entre la Britannia et l'estuaire de la Seine dès les premiers siècles de notre ère.

 

L’équipe pluridisciplinaire du projet collectif de recherche Au fil du plomb de la Seine, réunie depuis 2019 par Malina Robert - Docteure en archéologie romaine - (Nantes Université), enquête, en mêlant archéologie et archéométrie, sur plusieurs questions relatives à la circulation et l’utilisation du plomb dans l’estuaire de la Seine. Quels échanges et pratiques commerciales ont cours autour du plomb à l’époque romaine dans notre région ? À quoi ressemble l’artisanat du plomb estuarien, de la mine au produit fini ? À quoi sert le plomb dans les funérailles des Calètes de Juliobona (Lillebonne) et des Véliocasses de Rotomagus (Rouen) ?

 

L’exposition-dossier présentée par le musée Beauvoisine à partir du 16 juin 2023 présentera les résultats de ce programme de recherche ambitieux. Il montrera tout d’abord, par une série de livres, documents et objets provenant de ces sépultures, comment les érudits du XIXe siècle se sont intéressés à ces contenants funéraires et le regard porté sur le plomb en tant que matériau. Puis, le parcours se focalisera sur quelques exemples d’urnes ou cercueils, tout récemment restaurés par le laboratoire Arc'Antique de Nantes, avec le soutien de l’Etat et de la Région Normandie dans le cadre du FRAR. La collection du musée des Antiquités sera particulièrement mise à l'honneur par un dispositif multimédia présentant des modèles 3D de cercueils et urnes en plomb. Il permettra d’en savoir davantage sur les décors et les techniques de fabrication. Enfin, le visiteur sera invité à rentrer dans le laboratoire du projet, afin découvrir les différentes étapes de l’enquête menée par les chercheurs du PCR. Un court film d’animation permettra de reconstituer la chaîne de transformation du plomb de la mine au produit fini, d’après les sources archéologiques que nous avons à notre disposition.